Le rôle de l’inégalité de genre dans le contexte de l’épidémie d’obésité : une étude de cas en Inde

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Pierre Levasseur, Suneha Seetahul et Valentina Alvarez-Saavedra

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En 2025, la moitié de la population sera en surpoids, deux tiers seront des femmes. Des analyses récentes entre plusieurs pays montrent qu’une forte inégalité de genre est associée à une obésité féminine plus élevée. Par conséquent, améliorer le statut des femmes dans la société pourrait être une action importante pour faire face à cette épidémie globale d’obésité en zones urbaines, surtout dans les pays en voie de développement où les atteintes aux droits des femmes sont courantes.

Centrée sur l’Inde, cette recherche propose une évaluation de l’inégalité de genre et son influence sur le poids des femmes (mesure objective). Elle se base sur des données objectives (l’écart salarial, l’alphabétisation) et autoévaluées (les autorisations et les décisions au sein du ménage) au niveau local. Des données longitudinales de l’Enquête du développement humain en Inde (2005 – 2011) et des estimations à plusieurs niveaux sont utilisées. Afin d’identifier le lien de causalité entre les indicateurs locaux d’inégalité de genre et le poids des femmes, nous intégrons des variables déterminantes dans les régressions, à savoir l’âge à la naissance du premier enfant et l’âge lors du mariage. Nous testons aussi la fiabilité du modèle en utilisant des instruments alternatifs basés sur les caractéristiques du gouvernement local et la responsabilité des femmes dans les décisions au sein du ménage.

Les évaluations à plusieurs niveaux montrent une hétérogénéité importante entre les zones rurales et urbaines. En zone rurale, l’inégalité de genre sur le plan local est associée à la perte de poids considérable parmi les femmes, probablement à cause d’une insuffisance alimentaire et d’un travail physique intense. En revanche, il y a une relation en U inversé entre l’écart salarial et la prise de poids chez les femmes en zone urbaine, soulignant les enjeux alimentaires ambiguës dans les villes indiennes. L’inégalité de genre en zone urbaine accroît le surpoids féminin (faible participation économique et sociale, peu de prise de décision et une confiance et une santé psycho-sociale moindres). Cependant, à un certain niveau, en milieu rural l’inégalité de genre entraîne la perte de poids chez les femmes comme on a pu le constater. De plus, nous avons trouvé des effets plus marqués dans les régions et les groupes sociaux les plus pauvres, où il n’y a guère la possibilité de responsabilisation des femmes sur le plan structurel. Enfin, quatre estimations sont cohérentes et renforcent les observations relatives aux impacts alimentaires de l’inégalité de genre.