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Jung Eun Lee, Romina Delmonte

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Cet article propose une réflexion autour des migrations issues de l’Asie dans les villes d’Amérique Latine, à travers le prisme des relations de genre et des représentations dans l’industrie de la restauration. L’analyse porte sur deux enclaves de la communauté coréenne, appelées Barrio Coreano, dans les quartiers de Bajo Flores et de Floresta dans l’agglomération de Buenos Aires. Les questions suivantes ont orienté notre enquête :

Quels liens existent entre les « paysages alimentaires », la transformation et le réaménagement des espaces urbains ? Comment les processus de migration transforment-ils les villes et la manière de les habiter ? Comment les rapports du genre influencent-ils les restaurants - et les interactions associées – qui sont gérés par un groupe minoritaire asiatique dans une métropole en Amérique de Sud ? Notre enquête concerne les restaurants coréens à Buenos Aires.

À partir d’une cartographie des restaurants coréens dans la ville et d’une observation ethnographique entre 2014 et 2020, nous reconstruisons leur évolution territoriale. En plus, nous examinons « Gastro Corea », un événement d’une semaine organisé en octobre 2019 par un groupe de restaurateurs afin d’attirer plus de consommateurs non-coréens. Nous avons réalisé des entretiens approfondis avec les organisateurs de la manifestation et les propriétaires des restaurants participants, ainsi qu’une analyse de l’utilisation des réseaux sociaux pour promouvoir l’événement.

Nos résultats montrent que la représentation traditionnelle du genre liant les femmes et le hansik, qui signifie l’alimentation traditionnelle coréenne, leur donne une place privilégiée comme l’indiquent les supports promotionnels de « Gastro Corea ». Dans ce processus de marchandisation de la culture, le capital culturel des femmes coréennes en rapport avec le hansik est valorisé davantage sur le marché. Le hansik constitue un revenu potentiel pour elles, il a un impact sur leur manière d’habiter la ville et sur la manière dont elles sont perçues par les autres. L’effet sur chaque génération de femmes argentino-coréennes a ses spécificités, mais dans tous les cas, il leur permet d’accéder à et de façonner certains espaces – matériels et symboliques – qui jusqu’alors étaient souvent limités pour elles.