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Elise Mognard, École des études alimentaires et gastronomiques, Université de Taylor, Malaisie

Anindita Dasgupta, École des arts et des sciences libres, Université de Taylor, Malaisie

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La Malaisie est une société multiculturelle et pluri-religieuse de l’Asie du Sud-Est soumise à une urbanisation accélérée. À la mi-mars 2020, une mesure de confinement a été annoncée dans le but de contrôler la pandémie du Covid-19. Dans ce contexte, la recherche explore les bouleversements des habitudes de la vie quotidienne en termes de : division entre les genres dans le travail domestique non-rémunéré lié à l’alimentation et prise de conscience de l’image du corps et de l’alimentation. L’étude utilise Netnography pour la collecte des données qualitatives tirées : des déclarations officielles en ligne des ministères du gouvernement malaisien concernés, tels le Ministère de la Femme, de l’Enfance et de la Protection Sociale et le Ministère de la Santé ; des discussions dans les médias officiels et les réseaux sociaux des organisations non-gouvernementales et locales ; et des messages sur Facebook postés par des femmes actives issues des trois principaux groupes ethniques dans les métropoles de la péninsule malaisienne. Une analyse préliminaire a révélé la dénonciation dans les réseaux sociaux des rapports sociaux patriarcaux. Ces derniers étaient basés sur des recommandations destinées aux femmes mariées et brièvement annoncées par le Ministère de la Femme et de la Famille dans une tentative d’assurer l’harmonie au sein des ménages « confinés ». Ensuite, le langage majoritairement utilisé dans les messages publics et dans ceux de la régulation de la crise avait un caractère étonnement genré, révélant ainsi un clivage privé-public, où « l’extérieur » était conceptualisé comme une « zone d’action » et comme un « espace masculin ». Cela a bousculé la division habituelle du travail domestique lié à l’alimentation, alors que la charge mentale incombait surtout aux femmes qui guidaient leurs maris à distance dans leurs incursions pour faire les courses. Cette charge mentale résulte aussi de leur responsabilité concernant la transmission de recettes et la prise en charge de la santé familiale. Dans un contexte plus large de la médicalisation de l’alimentation, les témoignages d’expériences ambiguës entre la capacité d’agir et l’attente vis-à-vis du rôle du genre ont été postés par des femmes sur leurs pages publiques. Ils montrent aussi une préoccupation liée à l’image du corps, indiquant que l’internalisation de la conscience corporelle relative au genre était manifeste.